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La justice bienveillante – extrait de conférence

Il existe des ressources d’aide juridique qui sont bienveillantes et qui ont pour mission d’accompagner tous les acteurs/trices lors de problématiques légales, afin de désamorcer les conflits. Parmi celles-ci, se retrouve Équijustice, qui sont venus présenter leur approche en justice réparetrice, lors de l’édition 2023 de la formation pour camps inclusifs aux personnes neurodivergentes. 

Cette année, nous approchons l’aspect légal en présentant la ‘’déviance contrefaite’’. Un terme qui ne semble pas très inclusif par son étymologie, mais qui vient à la défense de beaucoup de personnes neurodivergentes qui par le passé, ont eu des comportements sexuels qui semblaient porter atteinte à l’intégrité d’une personne, mais qui n’étaient pas posés dans le but de faire du tort à qui que ce soit. 

Yves Claveau, sexologue clinicien et expert conseil au SQETGC, a d’ailleurs rédigé un Cadre de Référence et Guides Techniques qui adresse la déviance contrefaite chez les personnes neurodivergentes, où il présente plusieurs hypothèses sur le sujet. 

Il donne la définition suivante « Selon Griffiths, Hingsburger, Hoath et Ioannou (2013), la déviance contrefaite relève de comportements qui, de prime abord, s’apparentent à une paraphilie ou à une déviance sexuelle, mais dont la fonction ne vise pas à satisfaire des pulsions ou des fantaisies sexuelles paraphiliques ou déviantes. Il s’agit donc de comportements qui sont atypiques et déviants dans leur forme ou leur apparence, mais qui après investigation clinique, se distinguent d’un véritable trouble paraphilique ou d’un problème de délinquance sexuelle.« 

La raison pour laquelle nous abordons ce sujet cette année, c’est pour démontrer l’importance de la prévention via l’accès à l’information, en reconnaissant l’existence de la sexualité des personnes neurodivergentes. Car tout cela ajoute à la santé et sécurité sexuelle de ces dernières. 

Nous pouvons d’ailleurs y lire que « En effet, même s’ils sont susceptibles de choquer et de bousculer les valeurs morales de l’environnement, les comportements sexuels liés à la déviance contrefaite ne sont pas motivés par la malveillance, la violence ou la recherche de pouvoir. »

Cet ouvrage souligne l’importance de comprendre ce qui mène certaines personnes neurodivergentes à adopter des comportements sexuels incompris, afin d’intervenir avec plus de bienveillance et de découvrir les étapes à suivre pour diriger les situations à caractères sexuels, sans y ajouter de traumatismes sur ceux et celles qui sont impliquées. 

Plusieurs facteurs font en sorte que les personnes qui fréquentent un organisme se sentent enfin confortables de découvrir leur sexualité. Parfois, c’est le seul endroit où une personne est traitée comme un.e être humain.e ayant des besoins et donc cela vient l’unique option où il est possible pour eux d’enfin explorer ce qui autrement est interdit. 

Cela sera souvent fait en cachette et parfois près d’endroits publics. Si l’équipe de l’organisme à les connaissances nécessaires à l’intervention, il sera possible de rapidement retourner aux activités quotidiennes, sans conséquences négatives. 

Les organismes à but non lucratif qui desservent la communauté neurodivergente offrent un espace où les personnes neurodivergentes peuvent se sentir respectées et comprises. En fournissant une éducation sexuelle spécialisée et en facilitant l’accès à l’information adaptée, ces organismes permettent à la communauté de mieux comprendre leur sexualité et de développer des relations saines. 

  1. https://www.laressource.ca/images/ressources/Deviance-contrefaite_27_05_2019_WEB.VF_.pdf

neuro-sexo & Anabelle Ramier

On parle souvent de permettre l’accès à l’intimité et d’encourager l’autonomie des personnes neurodivergentes. Il est important de fournir un environnement pour qu’une personne puisse s’épanouir de façon sécuritaire.

L’intimité, c’est un endroit secret, caché du reste de l’univers, qui appartient à une seule et même personne. Certaines personnes neurodivergentes n’ont pas accès à ce besoin. Soit par l’interdiction de fermer leur porte de chambre, soit en n’ayant pas le droit d’être seul.e ou en nécessitant une aide motrice dans toutes leurs activités quotidiennes.

Une personne ayant le contrôle sur l’environnement de l’autre, a la responsabilité de lui laisser profiter de ce besoin fondamental. Retirer la porte de la chambre de quelqu’un ou lui interdire de passer du temps sans supervision, porte atteinte à son intimité.

Selon la réalité de la personne neurodivergente dont vous vous occupez, il y aura différentes façons de respecter son intimité, tout en assurant que cette personne soit en sécurité. L’aménagement des milieux de vie va varier en fonction d’un diagnostic. Il est pourtant possible de trouver des idées créatives pour laisser les personnes faisant partie de la neurodiversité, nécessitant un environnement plus contrôlé, accéder à leur intimité. Par exemple, est-ce que la personne peut passer un peu de temps sans supervision dans un environnement sécurisé  Existe-t-il une pièce dans laquelle quelqu’un peut se rendre pour y passer du temps seul.e si le milieu de vie est partagé ?

Pour l’équipe d’un organisme inclusif aux personnes neurodivergentes, les répercussions du manque d’accès à l’intimité et du découragement de l’autonomie d’une personne peuvent se faire ressentir de plusieurs manières. Les comportements sexuels publics ou incompris peuvent se manifester lorsqu’une personne se fait interdire le droit à son intimité à la maison et qu’elle se sent maintenant en confiance d’explorer dans votre environnement, car elle y est confortable.

C’est d’après plusieurs témoignages de responsables d’OBNL de la Montérégie que nous pouvons avancer qu’un besoin de prévention et d’accès à l’information est essentiel, afin que les personnes faisant partie de la diversité neurologique puissent être mieux comprises et respectées.

L’encouragement de l’autonomie chez les personnes marginalisées par leurs différences a des répercussions positives considérables. En permettant à ces individus de prendre des décisions et d’exercer un contrôle sur leur environnement personnel, on favorise leur sentiment de valeur et de compétence. Cela peut conduire à une amélioration de leur estime de soi et de leur bien-être émotionnel. De plus, en reconnaissant et en respectant leur besoin d’intimité, on renforce leur dignité, contribuant ainsi à une meilleure qualité de vie globale. On favorise également leur intégration sociale et leur désir d’être impliqué.e.s.

Audrey Brassard, PhD, est psychologue et professeure titulaire au Département de psychologie de l’Université de Sherbrooke. Elle se spécialise dans la psychologie du couple, en particulier l’attachement, le bien-être relationnel et sexuel, ainsi que la violence entre partenaires intimes.

Caroline Dugal, PhD, est psychologue et professeure adjointe au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Elle se spécialise dans la psychologie du couple, plus particulièrement, l’étude des déterminants des conflits, de la violence et des difficultés sexuelles au sein du couple.

1. Qu’est-ce que le TDAH?

Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental qui toucherait environ 5% des enfants et 4% des adultes selon le DSM-5. Ce trouble est caractérisé par des difficultés persistantes à maintenir l’attention (difficultés de concentration, distraction par éléments de l’environnement ou pensées, difficultés organisation, ne pas porter attention aux détails, oublis fréquents, incapacité à initier et à terminer des tâches, procrastination), à contrôler les impulsions (actions précipitées, prises de décision impulsives, couper la parole, impatience), et à réguler l’activité motrice (c.-à-d., hyperactivité; parler beaucoup, difficulté à rester assis ou calme, se tortiller ou bouger les mains).

La présentation clinique des adultes ayant un TDAH peut varier considérablement d’une personne à l’autre, certains présentant plus de symptômes liés à l’inattention, à l’hyperactivité/impulsivité ou des symptômes combinés.

2. Quels sont les impacts du TDAH sur la sexualité d’une personne? (Positivement et négativement)

A) pour la personne ayant un TDAH

Les écrits révèlent la présence de deux patrons très différents selon la présentation du TDA(H) : soit la personne n’initie pas (ou très peu) les relations sexuelles, ce que l’on nomme l’hyposexualité ou, au contraire, la personne initie tout le temps (ou très fréquemment) les relations sexuelles, ce que l’on nomme l’hypersexualité.

La personne ayant un TDAH qui présente plus de difficulté à initier des tâches en général (par ses difficultés de planifications et d’organisation) peut en effet avoir de la difficulté à initier (ou planifier) la sexualité. Le désir et l’atteinte de l’orgasme peuvent également être limités par la prise de médication pour le TDAH ou d’antidépresseurs. Le fait d’accorder toute son attention (hyperfocus) sur d’autres projets ou tâches peut de plus les amener à complètement mettre de côté la sexualité ou à devoir absolument compléter une tâche avant de pouvoir s’engager dans une relation sexuelle. Il est également possible que les personnes ayant un TDAH rapportent de l’aversion envers la sexualité, caractérisée par le dégoût (p. ex., au niveau des odeurs) et l’absence de désir.

En présence de symptômes d’hyperactivité/impulsivité plus sévères, les adultes ayant un TDA(H) rapporteraient des comportements d’hypersexualité plus fréquents (c.-à-d., des préoccupations intenses envers la sexualité et une difficulté à contrôler leurs impulsions sexuelles). L’impulsivité peut aussi amener une difficulté à relaxer pour profiter des relations sexuelles, de l’impatience, ainsi qu’une tendance à mettre de côté les préliminaires ou à y accorder peu de temps. Elle est aussi associée à plus de comportements sexuellement à risque (p. ex., ne pas mettre de condom), à plus de maladie transmises sexuellement ou par le sang, plus de difficulté à contrôler sa consommation de pornographie, voire à de la sexualité compulsive impliquant ou non de l’infidélité. En effet, certaines personnes utiliseraient ces comportements sexuels comme stratégies les aidant à réguler leurs émotions ou leur stress. Par ailleurs, l’impulsivité rendrait également plus difficile de percevoir les signaux d’intérêt ou de désintérêt de l’autre partenaire.

Les adultes ayant un TDA(H) rapporteraient ainsi en moyenne plus de troubles associés à la fonction sexuelle, c’est-à-dire, des difficultés en lien avec l’atteinte de l’orgasme, des difficultés à atteindre et maintenir une érection, ainsi que la présence de douleur lors des relations sexuelles. Notamment, les difficultés d’attention peuvent contribuer à de la distractibilité pendant la relation sexuelle (c.-à-d., penser à plein d’autres choses), ce qui augmente le risque de difficultés d’érection et d’éjaculation ou de difficultés orgasmiques, considérant la difficulté à demeurer centré sur le moment présent et les sensations agréables. À cet effet, les personnes ayant un TDAH rapportent parfois une hypersensibilité physique au toucher, contribuant à une difficulté à rester concentré sur les sensations agréables (ou elles ne sont plus agréables, même parfois douloureuses).

B) pour le couple ou l’autre partenaire

Au sein de la relation de couple, l’autre partenaire peut se plaindre d’une impression de manque de connexion émotionnelle, interpréter certains comportements comme de la passivité, de l’inexpérience ou du désintérêt, ou encore sentir de la pression sexuelle et avoir l’impression que l’autre ne décode pas bien ses signaux d’intérêt ou de désintérêt sexuel. Lorsqu’elles ne sont pas comprises comme découlant d’un trouble neuro-développemental, ces manifestations peuvent être interprétées par l’autre partenaire comme un manque d’intérêt ou de considération. Cela peut entraîner des malentendus, de la tristesse, du désarroi, un sentiment d’être délaissé ou de ne pas pouvoir être soi-même, ce qui peut contribuer à des difficultés de couple.

Par ailleurs, la présence d’une dynamique de couple de type « parent-enfant » (où l’autre partenaire tend à jouer le rôle de parent de la personne ayant un TDAH) peut affecter le niveau de désir, et ce, autant pour la personne (avec TDAH) qui se sent infantilisée et contrôlée que pour l’autre partenaire qui se sent parentifié. Ce patron est aussi lié à des émotions négatives qui peuvent altérer la sexualité.

Toutefois, plusieurs points positifs sont également à noter chez les personnes ayant un TDAH. Celles-ci démontreraient plus de créativité dans leur sexualité, ce qui peut contribuer à une sexualité riche et variée. Leur curiosité et intérêt à essayer de nouvelles activités peuvent donc pimenter la vie sexuelle du couple ou les amener à aborder la notion de non-monogamie consensuelle. Leur attention peut aussi être très centrée sur l’autre partenaire (surtout en début de relation), ce qui serait généralement apprécié.

3. Comment naviguer les impacts, positifs et négatifs, de façon à s’épanouir et vivre sa sexualité sainement? Ex: si forte libido, hypersexualité ou impulsion, comment utiliser à son avantage pour mieux naviguer sa sexualité?

En premier lieu, il est fort utile de prendre conscience des impacts du TDAH sur la sexualité et le couple, et d’en discuter avec son/sa partenaire. Cela passe par la prise d’information et l’identification des aspects de sa sexualité qui sont associées à ses différents symptômes du TDAH. = Se renseigner et S’observer.

Puis, la personne gagne à prendre en main les symptômes du TDAH qui peuvent affecter sa relation dans une approche de responsabilisation, c’est-à-dire de se montrer proactive dans la façon de gérer ses symptômes. Cela peut impliquer (a) de considérer la prise de médication (donc de consulter un médecin et de discuter de la possibilité de prendre de la médication pour atténuer les symptômes du TDAH) et (b) de prendre soin de son hygiène de vie pour atténuer l’effet des symptômes (p. ex., saine alimentation, sommeil régulier, exercice physique régulier). = Exercer son contrôle (ou prendre en charge ses symptômes)

Dans sa relation, plusieurs actions peuvent être entreprises pour travailler à améliorer la communication ou la gestion de la dynamique parent/enfant avec l’autre partenaire afin de pouvoir atténuer les impacts sur la sexualité. Cela peut impliquer notamment de discuter ouvertement des besoins de chacun, et tenter de trouver des solutions « gagnant-gagnant » qui conviennent au couple. Il est aussi bénéfique de prévoir du temps de qualité entre partenaires, comme des moments intimes sans sexualité, le partage d’affection non sexuelle, des moments de connexion à tous les jours, ainsi que des activités plaisantes ensemble. = Communiquer et Développer l’intimité

Au niveau de la sexualité, les partenaires peuvent planifier des moments pour l’intimité sexuelle et tenter de réduire les distractions pendant les activités sexuelles (comme limiter les sons, ajuster le niveau de lumière, considérer des exercices de présence attentive ou autres exercices pour être capable de rester dans le moment présent, se donner un code pour dire à l’autre quand on perçoit qu’il/elle n’est plus dans le moment présent, parler de l’intensité du niveau de stimulation qui est optimal pour chacun). Il est aidant de discuter des désirs sexuels de chacun et de proposer des stratégies pour changer la routine et les activités sexuelles. Ouvrir sur ce qui constitue des comportements d’infidélité peut aussi être une conversation importante à avoir pour s’assurer de respecter les limites de chacun et d’avoir une entente claire (de monogamie ou de non-monogamie), en plus de se donner des règles claires pour respecter et protéger la santé sexuelle de chacun (p. ex., contraception).  = Ajuster la sexualité du couple

Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide en thérapie individuelle ou conjugale si les partenaires ont besoin d’aide pour effectuer ces étapes.

4. Quels sont les outils existants qui ajoutent à la santé et sécurité sexuelle des personnes avec un TDAH? outils physiques, jeux, livres

Nous en connaissons très peu (domaine très peu étudié), mais nous avons recensé quelques livres en anglais :

Adult ADHD and Sex: What You Need To Know (That Sex Therapists Cannot Tell You), 

Par Gina Pera

The Couple’s Guide to Thriving with ADHD, par Melissa Orlov et Nancie Kohlenberger

ADHD After Dark: Better Sex Life, Better Relationship, par Ari Tuckman

5. Pourquoi une personne qui a un TDAH devrait-elle utiliser les services d’un.e sexologue?

Les sexologues peuvent offrir de la thérapie individuelle ou de couple. Il peut être souhaitable de recourir à la sexothérapie ou à la psychothérapie si la personne vit trop de détresse, si les comportements interfèrent avec son fonctionnement quotidien, ou si elle a l’impression de ne plus contrôler ses comportements. Une telle démarche peut viser à mieux se comprendre, à se responsabiliser face aux symptômes en développant des compétences et en utilisant des outils, ainsi qu’à travailler sa relation et sa vie sexuelle.
Parfois, il est souhaitable de bénéficier d’une évaluation et prise en charge de difficultés associées au TDA(H) (p. ex., consommation, soucis financiers) ou de difficultés rapportées par l’autre partenaire (p. ex., dépression).

neuro-sexo & Anabelle Ramier

La masturbation est un sujet de plus en plus abordé, mais elle est encore souvent entourée de tabous pour de nombreuses personnes neurodivergentes. Il existe plusieurs fausses idées concernant la sexualité des personnes autistes, vivant avec la trisomie ou d’autres formes de diversité neurologique, comme l’idée qu’elles sont asexuelles. Ces stéréotypes ne reflètent pas nécessairement la réalité de leur désir sexuel.

Ce sont plutôt les restrictions imposées autour de la sexualité des personnes neurodivergentes qui influent sur la manière dont elles la vivent. En limitant leur autonomie et en évitant le sujet, on les pousse à adopter des comportements sexuels problématiques et à vivre leur sexualité de façon contraignante.

Reconnaître l’âge réel d’une personne et éviter les termes comme  <écart d’âge mental> respecte l’autonomie d’une personne neurodivergente et aide à prévenir des situations d’ordre légal. Si une personne de 18 ans se fait dire qu’elle a <l’équivalent de 15 ans> , cela pourrait la pousser à aller explorer sa sexualité avec ces personnes, car elle s’identifie à ce groupe d’âge.

Interdire la masturbation pousse souvent une personne à le faire en secret, parfois avec des objets pouvant être dangereux et entraîner des blessures. Cela peut aussi conduire à des situations complexes, où les expériences sexuelles se font dans des endroits publics. Dans ce contexte, il ne s’agit pas tant d’un manque de contrôle des pulsions, mais plutôt de l’interdiction d’un comportement naturel qui se manifestera malgré tout.

Respecter l’intimité de l’autre est une façon de démontrer que vous lui faites confiance. Laisser un endroit désigné pour qu’une personne puisse être seule et s’adonner à la masturbation, comme sa chambre à coucher, permettra à la personne d’avoir un lieu et un temps pour le faire et ainsi d’éviter que cela se produise dans des endroits publics.

Il faut aussi discuter du lieu et du moment propices pour le faire, ainsi que d’encourager la recherche d’informations pour développer des habitudes saines. Il peut être délicat pour un parent ou un proche aidant d’aborder le sujet, et il est toujours possible de contacter des professionnel.le.s qui sont qualifié.e.s pour répondre à vos questions. D’ailleurs, si vous remarquez que votre enfant se masturbe fréquemment, il est possible que l’enfant cherche à combler un besoin spécifique non relié à la sexualité. Il peut être utile d’examiner les différentes possibilités, notamment l’hypersensibilité, qui peut pousser une personne à rechercher des sensations physiques plus intenses, parfois de manière excessive ou risquée. Dans ce cas, il est fortement recommandé de consulter des sexologues pour explorer des solutions adaptées.

Certains professionnels recommandent même d’établir une routine de masturbation autour d’activités quotidiennes. Par exemple, de laisser la personne aller à sa chambre avant le souper. Cela aide à structurer l’activité et permet à la personne de développer des habitudes saines, surtout si elle se masturbe souvent ou dans des lieux publics.

N’hésitez pas à consulter notre liste de professionnels spécialisés dans nos ressources pour obtenir davantage de soutien.

Un outil très souvent utilisé en éducation sexuelle est le développement psychosexuel, un point de repère pour nous aider à comprendre où une personne peut en être dans son évolution personnelle et sexuelle et d’ainsi cerner les conversations qui seraient pertinentes et adaptées à son stade de développement.

Pour dresser un portrait rapide, dans l’immense spectre de la diversité neurologique, chacun possède sa propre montre et grandit à son propre rythme, selon ses propres expériences et sa relation au monde extérieur. Les changements physiques, quant à eux, se produisent de 0 à 22 ans et comprendre ce qui s’en vient sera réconfortant, autant pour vous que pour vos enfants.

Les menstruations peuvent débuter dès l’âge de 8 ans, il est donc important d’en parler tôt ! La structure et la stabilité sont deux éléments importants dans la vie de plusieurs personnes neurodivergentes, donc voir du sang dans sa culotte, sans savoir ce qui se passe, pourrait être un choc immense pour la personne. On veut donc déjà avoir abordé la matière. C’est pareil pour les autres changements physiques qui s’en viennent, les éjaculations nocturnes et l’excitation soudaine peuvent être très gênantes pour quelqu’un qui ne s’est pas fait expliquer ce qui lui arrive.

Par contre, aborder ces sujets n’est pas toujours chose facile.

On peut penser qu’un parent qui ne cuisine pas beaucoup pour lui-même, risque de ne pas être la personne ressource qui enseignera comment cuisiner à son enfant. Il ira se renseigner, chercher des outils pour bien présenter la matière et surtout, compter sur l’autre parent pour déléguer cette tâche vers celui-ci. Pour ce qui est de parler de sexualité, c’est la même chose.

Si on se sent moins outillés pour parler de changements corporels, on peut se référer à des services existants comme des lignes téléphoniques ou des sites sur l’éducation sexuelle, qui sauront vous renseigner vous et vos enfants. Il vous est aussi possible de trouver un.e sexologue spécialisé.e en diversité neurologique et aborder la question si vous le désirez.

Dans le concret, Tel-Jeunes a une ligne téléphonique pour les questions délicates et ils possèdent un site très complet très facile à utiliser. Alter-Héros est une ressource pour les personnes qui désirent en savoir plus sur l’identité de genre et leur orientation sexuelle. Étant à l’axe de la diversité neurologique et sexuelle, l’organisme est inclusif et accessible.

Par contre, il vous faudra quand même sortir de votre zone de confort afin de créer et maintenir un environnement sain où votre enfant peut s’épanouir et vivre ses expériences de façon sécuritaire.

Reconnaître ou non l’existence de la sexualité des personnes neurodivergentes n’affectera pas l’éveil sexuel de ces dernières. La sexualité fait partie des besoins de chacun.e et il est faux de penser que les personnes faisant partie de la diversité neurologique sont asexuelles.

Plusieurs parents se sentent inconfortables avec le sujet parce qu’ils veulent avoir une distance claire entre leur sexualité et celle de leurs enfants et cela est parfaitement compréhensible. Par contre, parler de sexualité ne sexualisera pas une personne et il est possible de discuter du sujet sans parler de vos expériences personnelles.

Les sexologues sont d’accord pour dire que plus une personne en sait sur la sexualité, plus elle prendra son temps avant d’avoir des relations sexuelles, plus elle saura ce qu’elle n’a pas envie de faire et plus elle saura reconnaître la sexualité saine. Et ce, parce qu’elle aura eu accès à des représentations saines et respectueuses d’amour et d’affection. Elle pourra intégrer le tout et vivre sa sexualité, en sachant qu’elle peut compter sur vous lors de situations délicates.